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  • Au théâtre, l'aparté est un discours qu'un protagoniste se tient à lui-même de manière à le faire entendre au seul spectateur ou à l'un des personnages présents sur scène ..... blog d'impressions entre vous et moi
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11 juillet 2009

La Traviata

chorOrange - théâtre antique - 21h45

Opéra en 3 actes de Giusseppe Verdi, livret de Francesco Maria Piave d'après la Pièce d'Alexandre Dumas, La Dame aux Camélias. Création à Venise, Théâtre de la Fenice le 6 mars 1853.

Avec :

Patrizia Ciofi (Violetta), Vittorio Grigolo (Alfredo), Marzio Giossi (Giorgio Germont), Laura Brioli (Flora), Christine Labadens (Annina), Stanislas de Barbeyrac (Gastone), Jean-Marie Delpas (Barone Douphol), Armando Noguera (Marquis d'Obigny), Nicolas Courjal (Docteur Grenvil)

Jacques Gabel (scénographie), Franck Thevenon (lumières), Catherine Leterrier (costumes) Frédéric Bélier-Garcia (mise en scène)
Choeurs des opéras de Régions
Orchestre Philharmonique de Radio France
Myung-Whun Chung (direction).

En entrant dans le théâtre, on se souvient (avec un côté "J’y étais") de la précédente Traviata d'Orange en 2003, quant, en pleine grève des intermittents du spectacle, le grand air de Traviata avait été perturbé par une sirène subrepticement installée dans les rochers qui surplombent l'enceinte du théâtre. On se souvient des spectateurs enfermés à l'entracte alors qu'au-dehors dans les rues proches, une bataille rangée entre grévistes et forces de l’ordre faisait rage (fumigènes et fusées éclairantes). On se souvient du tollé lorsqu'à la fin, des machinistes se présentèrent sur scène et que Robert Fortune (metteur en scène) put expliquer après 10 bonnes minutes de huées que l'équipe gréviste, mais ne voulant pas pénaliser les spectateurs, avait tenu à assurer la représentation et souhaitait condamner les actions sauvages telle que celles que nous avions vécu, les huées se transformèrent en bravos et le théâtre se vida en un indescriptible chahut.

Ce samedi soir, dans la douceur si propre à Orange, seule reste l'excitation de se retrouver dans ce lieu magique.

Dans cet espace si particulier du théâtre d’orange, plateau de 9m de profondeur sans coulisses de fond de scène, sur environ 70 M de long, les effets de scènes sont plutôt rares et toute initiative nouvelle est forcément remarquable. Force est de constater que les choix de Frédéric Bélier-Garcia (le fils de Nicole Garcia) sont bienvenus avec des changements d’un acte à l’autre d’une excellente efficacité. Deux espaces de scène glissent sur des câbles et alors que la table de la fête du premier acte s’efface, un lit de la maison de Violetta s’avance tandis que l’héroïne dans le noir, encore sous le feu des applaudissements de son grand air, abandonne sa robe de bal et se retrouve en chemise. L’idée de la montrer ainsi dans sa plus grande intimité est un peu troublante, mais nous renvoie brutalement à sa réalité de demi mondaine.

De la même façon, à la fin du 3ème acte, le chœur se retire en marchant à reculons, la rupture avec le monde est déjà consommée et la chambre de la mort vient occuper l’espace.

Patricia Ciofi s’impose comme une belle Traviata même si l’on regrette un peu le manque de volume de cet espace inhumain. Elle dresse sous la direction de Frédéric Bélier-Garcia, le portrait d’une Violetta fragile, amoureuse jusqu’au sacrifice et jusqu’à la mort. Vocalement, sa prestation est globalement superbe, avec des moments de rare musicalité, le temps semble alors suspendu, alors qu’elle détaille ses vocalises avec une précision d’horloge (le duo violetta/alfredo en est un bel exemple). Aucune note, aucune vocalise ne lui résistent et elle nous gratifie du fameux contre-mi qui couronne l’air final de l’acte 1 même si on ne s’attarde pas dessus. L’air de l’adieu du 4ème acte nous offre aussi un grand moment de sensibilité. Curieusement dans l’apaisement du début de la nuit, le théâtre suspendu à ses lèvres, la voix passe mieux et la plainte remplit l’espace. Maria Callas disait que le si bémol final de l’air “Addio del passato” est inchantable sauf si la chanteuse accepte de mourir avec son personnage. La soprano italienne n’hésite pas à franchir le pas et aboutit tout naturellement à cette note qui se pose claire et limpide sur le tapis de cette atmosphère calme et chaude.

Vittorio Grigolo confirme déjà les premiers espoirs placés en lui et dont se sont fait l’écho, divers chroniqueurs. Il confère au personnage d’Alfredo une fougue et une jeunesse avec des accents vocaux magnifiques. La voix est claire, la projection bien maîtrisée, le chant paraît sans tension, ni effort. Nous assistons peut-être là à la naissance d’un nouveau ténor.

Marzio Giossi nous séduit moins dans Germont. La voix est une peu voilée, la pose sur scène un peu raide, un peu en retrait et il ne montre pas autant d’aisance que les deux autres protagonistes.

Les rôles secondaires sont bien campés. Laura Brioli (Flora), Christine Labadens (Annina), Stanislas de Barbeyrac (Gastone), Jean-Marie Delpas (Barone Douphol) complètent cette distribution homogène par leur présence et leur efficacité scénique.

Le public fera une ovation à la direction de Myung-Whun Chung. Celle-ci  est subtile et précise. On n’y trouve pas sans doute en raison d’une science de l’anticipation du chef, les décalages que l’on rencontre de temps à autre entre le plateau et l’orchestre. Les tempos sont parfois un peu lents. L’on avait relevé ce point dans la dernière Lucia, déjà avec Patricia Ciofi et l’on se demande si ceux-ci ne sont pas imposés par la chanteuse qui gère ainsi sa ligne de chant
.

travit

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Commentaires
M
J'ai imaginé, un instant, me trouver là, à écouter La Traviata, l'opéra de Verdi que je connais le mieux. C'est un spectacle total et un morceau de roi. Hélas, je désespère de jamais la "voir" en "vrai" car, malgré sa grande culture musicale, mon mari n'aime pas Verdi. Donc, je profite de votre récit pour m'y croire un peu. Merci !
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