Cyrano de Bergerac

Théâtre du Chatelet, 16h00

Comédie Héroïque en 4 actes et un prologue de Franco Alfano, Livret d'Henri Cain d'après la pièce d'Edmond Rostand. Création à Rome le 22 janvier 1936.

Nouvelle production en partenariat avec l'orchestre symphonique de Navarre et le Gouvernement de Navarre.

Direction musicale : Patrick Fournillier. Mise en scène et Décors : Petrika Ionesco. Costumes : Lili Kendaka.

Avec : Placido Domingo (Cyrano), Nathalie Manfrino (Roxane), Samir Pirgu (Christian), Marc Labonnette (de Guiche), Laurent Alvaro (Ragueneau), Franco Pomponi (Carbon et le vicomte de Valvert), Doris Lamprecht (la duègne et soeur Marthe), Christian Helmer (Le Bret), Frédéric Goncalves (Lignière et le mousquetaire), Gérard Boucaron (Montfleury comédien).

Orchestre symphonique de Navarre, Chœur du Châtelet, chef des choeurs : Stephen Betteridge

Quelle représentation étonnante !!!

Les premières impressions sont pour la mise en scène de Petrika Ionesco : On se frotte rapidement les yeux, on se demande comment une telle chose peut se réaliser sur une scène. Une telle somme de détails, un visuel quasi de cinéma. On reste admiratif sur tout le travail qu'il a fallu sans doute fournir pour arriver à un résultat de cette qualité Le tout alourdit cependant un peu l'action, malgré des combats à vous couper le souffle et donne l'impression d'une grosse machine. Les changements de décors rideaux fermés s'éternisent un peu, nuisent un rythme de l'action et l'on regrette parfois les ingénieuses tournettes d'autres spectacles.

Le plateau vocal est superbe, bien entendu dominé par Placido Domingo. A 68 ans, la voix est toujours étonnement belle, la prestance insolente, le jeu subtile, ah ce dernier acte tout en nuance et en finesse ... nous ne pouvons qu'admirer la prestation et le public parisien ne s'y est pas trompé en offrant à l'artiste une ovation debout, très appuyée en fin de spectacle. C'est peut être la dernière fois que Paris accueille ainsi cette star absolu de l'opéra dans une présentation scénique.

Les autres protagonistes soutiennent bien la comparaison. Nathalie Manfrino campe une Roxane vaillante et déploie de belles qualités vocales pour surnager toute cette masse sonore, on a hâte de l'entendre de voir de quelle manière elle va apprivoiser le site des chorégies d'orange pour Mireille en 2010.

Il n'est pas facile d'être le second ténor d'un ouvrage quant l'autre rôle est tenu par Domingo. Samir Pirgu a la voix vaillante, l'aigu lumineux et rivalise sans rougir avec son illustre aîné. La couleur des deux voix se marient fort bien comme dans un prolongement de l'échange du balcon que les protagonistes réalisent en abusant Roxane.

Belle mention aussi pour les voix graves, dont le beau mezzo de Dori Lamprecht.

Patrick Fournillier à la tête de l’Orchestre symphonique de Navarre domine avec brio cette partition fleuve. La précision des départs de la masse des solistes et de choeurs est impressionnante. Le niveau sonore est cependant parfois mal dosé obligeant les solistes à forcer pour passer la fosse.

On sort un peu groggy, saoulé de musique et de mouvement, mais on a le sentiment d'avoir participé à quelque chose qui a un goût d'unique....